Et le bénéficiaire doit récompenser le pasteur par une offrande ou un don. Le statut de pasteur, de prophète ou d’apôtre confère une position importante dans la société, dans la mesure où la vie sociale de beaucoup de populations tourne autour de l’église, devenue le nouveau lieu de sociabilité. Comment ses pasteurs sont-ils formés ? Plus les adeptes sont nombreux, plus les « bénédictions » achetées sont rentables. ), parce qu’ils ont été bénis par les pasteurs et prophètes, sont achetés à prix d’or par des fidèles qui les considèrent comme des sources de bénédiction. La disponibilité de ces pasteurs et prophètes envers l’argent, racine de certains vices, car oscillant entre le Diable et Dieu, expose ces derniers à vivre dans des contradictions qui ternissent l’image de l’église. Le leader religieux est désormais considéré comme le relais social qui remplace la famille et surtout, les structures étatiques défaillantesAlors que la Bible enseigne premièrement de rechercher le Royaume éternel et Dieu, les pasteurs et prophètes des églises de réveil considèrent leurs fidèles comme des « vaches à lait » qu’il faut traire au maximum. La liste des dérives imputées aux promoteurs des mouvements religieux pentecôtistes implantés à Douala est loin d’être exhaustive. En cela, la démarche vise les préoccupations principales et fondamentales des populations en garantissant par des méthodes pragmatiques et adaptées le bien-être et le bonheur sur Terre et au-delà.Le marché de la spiritualité à Douala voit la demande sociale s’accentuer de la part des fidèles, à savoir les angoisses existentielles (maladie, mariage, travail, sorcellerie, etc.) Publié le : 11/10/2018 - 15:05 Modifié le : 16/10/2018 - 20:04. et l’offre (théologie de la prospérité et de la guérison) que les pasteurs proposent en mettant leurs discours en accord semble répondre aux demandes spirituelles et sociales des fidèlesLes plus fortes demandes concernent prioritairement la guérison et la prise en charge des maux. Nombreuses sont celles qui ne détiennent pas d’autorisation et exercent dans l’illégalité tandis que d’autres sont à l’origine de multiples controverses : sévices corporels, problèmes de mœurs, séquestrations de fidèles et détournements de leurs salaires et cotisations, travail forcé, escroqueries en tout genre. Si la liberté religieuse qui inclut la liberté de croire ou de ne pas croire, d’appartenir ou non à une communauté religieuse, et évidemment de changer de religion, est l’une des revendications phares en matière de droits de l’homme et reconnue par la constitution camerounaise du 18 janvier 1996, les églises de réveil à Douala soulèvent maintes interrogations. Si ces églises ne bénéficient pas du soutien financier étatique, malgré leur affiliation au ministère de l’Administration territoriale (Intérieur), ces nouveaux temples se développent de façon autonome, grâce aux offrandes et aux dîmes des fidèlesLeur inscription sonore et visuelle dans l’espace public citadin contraste totalement avec le caractère privé, secret et caché des mondes sorcellaires, partagé entre les mondes visibles et invisibles, et absents de l’espace publicLa résurgence du religieux au cœur de la vie publique et politique à Douala comme partout au Cameroun s’inscrit dans un registre que Gilles Kepel a qualifié de « revanche de Dieu »De même, le déclin relatif, en termes d’influence, des églises catholiques, protestantes et islamiques, a permis de renforcer la légitimité des églises de réveil.
Audio 49:00 . Mais, c’est la loi du 19 décembre 1990 sur la liberté d’association qui a contribué à un essaimage sur la scène publique camerounaise, d’une multitude de mouvements religieux dont certains disposent de dizaines de lieux de culte répartis sur tout le territoire national.